23 décembre 2004

Nain de phare > R

Il était une fois un homme, guère grand, ont dit aussi qu'il était un nain. Trapu, barbu, têtu.
Ce nain habitait un phare, pas le plus haut ni le plus photogénique, de sorte qu'on ne le vit pas illustrer les pages de calendrier. Trois blocs de granit soutenaient ce pâté de pierre contre la houle et les vilaines humeurs de l'océan.
Le nain vivait seul. Ca lui allait parfaitement. Il portait la tradition avec la fierté de sa race, une tradition qui l'avait trouvé, ramassé sur de vaines pensées, des années plus tôt.
Chaque nuit, il gardait le phare éteint.
Rude tâche dans un monde économe de tragédies maritimes et de pertes de biens, le continent n'eut de cesse d'envoyer des escouades rallumer le feu de la tour. Mais le nain était passé maître dans les arts de la résistance. Les terriens se lassèrent.
La suite n'est pas certaine. Pour moi, le nain vit encore sur cet îlot minuscule, montant la garde du phare éteint sur une mer sauvage.

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