07 février 2008

"La science-fiction à hauteur d'époque" > V

Quelques extraits d'un texte de Valerio Evangelisti, auteur italien de SF, écrit en août 2000 et repris dans le dossier "La fabrique des conformismes" du numéro 96 de Manière de Voir / Le Monde diplomatique, janvier 2008.

"La mondialisation de l'économie, le rôle hégémonique de l'informatique, le pouvoir d'une économie dématérialisée, les nouvelles formes d'autoritarisme liées au contrôle de la communication, tous ces thèmes paraissent laisser indifférents les écrivains de la "grande littérature", du moins en Europe. Dans la plupart de leurs romans, le monde semble immuable. Dominent les histoires intimistes, qui auraient pu se passer il y a cinquante ans - ou qui pourraient se produire dans cinquante ans... Amours, passions et trahisons perpétuent leur consommation sous une lumière tamisée, dans un monde aux couleurs pâles et aux fragrances de poussière et de talc. Certes, il y a quelques exceptions ; mais la plupart du temps, le cadre général est immodérément "minimaliste".
Le style fade, exténué, en est venu à être considéré comme réaliste. C'est lui qui paraît détenir la vérité, au point de devenir la seule forme de littérature noble. (...) La prose "réaliste" se situe hors du temps ; ce qui est ancré dans le temps ne serait que pacotille.
(...) Tandis que la "grande littérature" se complaît à ignorer tout cela*, la littérature des "étages inférieurs" a fait de l'époque son objet de prédilection. Je fais là allusion à la science-fiction."

(*ie : les mutations contemporaines)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quelques réflexions complémentaires sur le rapport de la science-fiction au changement social : http://yannickrumpala.wordpress.com/2008/08/24/projet-de-recherche-en-cours/