09 décembre 2004

Mishnik > R

Il existe, à l’Est, dans un pays de mages, de soufis et de dieux fantastiques à corps de chèvre, un chant qui se nomme Mishnik

La traduction de ce chant bref et typique donne à peu près ceci :

Mishnik,
Petite rivière de montagne,
Tu coules entre les pierres
pour te jeter dans la vallée
où tu pleures.

Les bergers qui me les ont appris chantent ces mots vers le ciel. Ils chantent en litanie, d’une voix grave, fausse et plaintive. Il n’est pas honorable, selon eux, de chanter Mishnik autrement.

J’ai connu cette rivière. Même asséchée par les déserts d’été, elle ne renonce jamais à la vie. C’est, bien entendu, une femme. Elle est l’eau des femmes, la courbe sinueuse des femmes, la plainte des femmes.
Je me suis souvent demandé si en remontant à la source, on ne trouverait pas une grotte sombre où se cache la Mère, le premier dieu des hommes.

Les bergers se sont tus. Leurs voix se sont tues. Le clapotis d’un ruisseau habite leurs âmes solitaires.

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