Grand Prix de la Science-Fiction française 2009 ; SF pride > V
Les Tours de Samarante a reçu, lundi 10 novembre, le Nouveau Grand Prix de la Science-Fiction française (Prix du Lundi) sous la présidence d'André Ruellan.
Je remercie le jury du Prix du lundi pour ce signe d'encouragement. Et pour les secrètes connivences. Et puis, j'ai eu envie d'en dire un peu plus. Sur ce prix, sur ses détracteurs, sur ce qu'il représente.
La tendance est au croisement des genres, à l'effacement des frontières, à la fonte des territoires. Au "trans". C'est un mouvement lourd, dont le bienfait manifeste est d'ouvrir des voies entre des mondes que l'on imagine divisés.
De là à dire que cette tendance est vertueuse en soi, il n'y a qu'un pas que beaucoup franchissent, versant -le plus souvent sans en rendre compte- dans un banal conformisme.
En politique, ce mouvement a existé dans les années 80, prétendant transfigurer les territoires de pensée et faire ainsi tomber les frontières idéologiques. C'était la fameuse -fumeuse- "fin de l'histoire". On sait où cela a fini : les idéologies n'ont pas disparu ; l'une d'entre elle a simplement dévoré toutes les autres. Et le message "plus de frontière, tout se vaut" lui a bassement servi la soupe.
Toute littérature serait donc générale... Ou imaginaire, c'est selon.
Et à tant qu'en mettre, pourquoi ne pas rajouter : polarde, historique, fondée sur une histoire vraie, pratique, ésotérique, poétique, intimiste, de gare, érotique, sans oublier la plus authentique des littératures, l'étrangère.
Pour moi, de deux choses l'une. Soit l'on parle d'écriture, et dans ce cas, il y a autant d'écritures que de plumes, et autant de proses que de récits. Là, la littérature est partout, parce qu'elle est un acte. Un(e) geste. Ce qui nous reste, peut-être, de l'antique parole.
Soit l'on parle de catégories critiques, et dans cet autre cas, les genres valent, et ils ne valent que parce qu'ils se distinguent (l'origine du mot "critique", en grec ancien, a d'ailleurs ce sens). Là, les livres cessent d'être une écriture et deviennent des objets, de vente, d'achat, de choix de lecture, parfois de prix.
Peut-on confondre les deux domaines ? Même par quelque extraordinaire naïve inadvertance ? Ou n'est-ce pas que ce qui guide cette trop facile et trop bien pensante tendance du pont jeté, c'est tout simplement le souhait d'être reconnu, pourquoi pas admiré, par ceux d'en face, ceux de l'autre rive où l'on est pas, mais où l'on a toujours rêvé de compter.
Finalement et sous couvert d'intelligence avant-gardiste, ne voilà-t-y pas le bon vieux complexe, le vrai, le gros, le plus qu'humain...
Chacun en pensera ce qu'il veut !
Moi, c'est fait. De toute manière, autant le dire : je ne peux pas m'en empêcher ! Lorsqu'un mouvement devient général, lorsque les esprits les plus brillants s'en revendiquent et que tout le monde le fait tacitement sien, je saute allègrement dans le camp d'en face, là où ne demeure qu'une petite bande d'irréductibles.
Il me semble avoir pris assez de précautions oratoires...
Je me résume :
;p
Je me sens parfaitement bien dans le genre tout court.
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